Virus d'un mirage occidental (Memphis, TN, août 2002)
Fragmentés mon amour
Fragmentés pour toujours
Ta voix saturée en un torrent de zéros et de uns
Opaque flot vibratoire de sons à demi-humains
Tes photos moyenne résolution
Pour que le mystère subsiste au gré des compressions,
Me rappellent que tu es loin encore, à pianoter
Dans cette abyssale journée
Dans la chambre d’à côté
Entre nous des armées de données
En montée, en descente
Entre détours des routeurs et des âmes absentes
Mettre l’alarme ce soir pour sceller l’œil atrophié
Par ces millions de pixels au quotidien sauvegardés
Autour des rêves peut-être de tout réédifier
Dans quelles constellations sont stockées les idées ?
Longue conversation au téléphone
Reconnaissance vocale quand tout sonne à point
N’y avait-il personne ?
J’étais aussi bien loin
Ai-je le temps de suivre le cours en ligne, ai-je du retard ?
Je m’efforce de tout photocopier, de dissiper mon petit cauchemar :
Manquer la connexion à l’examen final (pas d’accès sans login)
Programmé à l’avance dans la froideur des routines,
Sur des Palms qui effacent les menaces
De l’oubli
Symboles de victoire de l’interface
Sur les faces éblouies
Pas le temps d’écouter les oiseaux d’Amérique
S’éteindre paisiblement
Suite à ces piqûres de moustiques
Qui vous tuent jusque dans l'Ontario
Plus le temps de mourir calmement
En écoutant les oiseaux aurait dit mon grand-père, à contrario
Fragmentés mon amour
Fragmentés pour toujours