Un jour il y aura ce beau gars qui fera
Son argent sur mon dos, son beurre d’escargot
Avec son rire idiot et sa malette au bras
Il ira vendre aux oies quelques graines de mots
Que j’eus plantées jadis, rêvant d’un oasis
Mais qui ne prirent guère au milieu du désert
Jusqu’au soir où sortit, parmi les immondices
Une petite fleur du ventre de la terre
Puis une autre d’une autre avant que ne jaillissent
Deux cent mille pistils portés par un geyser
Lui-même propulsé par un feu d’artifice :
Bombes, fusées, soleils en des bouquets bleu-vert.
Moi, je serai trop vieux, peut-être loin déjà
Pour voir ce que ça fait de semer hors des pots
― Tout le monde rigole, il n’y a plus d’aura ―
Que passe la poussière, adieu chers petits mots.